L’islam n’est pas un catalogue de prescriptions | Cheikh Khaled Bentounès – Guide spirituel de la Tariqa Alawiyya

Dans cet entretien, le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel de la confrérie Alawiyya depuis 1975, dissèque avec lucidité les grandes plaies de notre époque, entre violences, conflits, mondialisation sans âme, crise des réfugiés et montée des extrêmes. Il interroge également les sociétés musulmanes, majoritairement engoncées dans une religiosité étriquée et spirituellement desséchée, réduisant l’islam à un «catalogue de prescriptions» et d’interdits. Fidèle à ses convictions humanistes, le cheikh Bentounès plaide pour une culture du «vivre-ensemble» dont la clef de voûte est «l’éducation à la paix». Pour lui, la paix n’est pas un vœu pieux mais un programme d’action. «C’est même le programme le plus urgent», insiste-t-il.

– Vous militez ardemment depuis quelques années pour l’institution d’une «Journée internationale du vivre-ensemble» sous l’égide de l’ONU. Où en êtes-vous avec cette initiative ?

Ça avance mais avec difficulté. Vous savez, avec un sujet et un objectif comme celui-là, les gens, d’emblée, n’y croient pas. Donc, il faut les persuader. Il y a un moment disons… de réflexion parce qu’on a affaire à des Etats. Il y a des personnes qui adhèrent. Mais faire adhérer des Etats, ce n’est pas simple.

On sait que le monde est bâti sur des intérêts égoïstes. Alors, il faut convaincre les uns et les autres que c’est dans l’intérêt de tous, que personne n’a le tout, que chacun a une partie, et qu’il est impératif de mettre ces parties en synergie, les unes avec les autres, pour qu’on puisse préparer l’avenir. Parce que nous, notre prétention, ce n’est pas de changer le monde mais de donner au moins un sens aux générations à venir.

Comment vont-elles vivre dans un monde où la société humaine s’entredéchire ? Où le pauvre n’a pas sa place, où la puissance des puissants ne fait qu’augmenter, et où des peuples entiers, qu’ils soient du Nord ou du Sud, sont en détresse ? Tout le monde est embarqué dans la même galère. Nous essayons de semer une espérance, une graine d’espoir chez nos jeunes filles et nos jeunes garçons. Nous veillons à ce qu’ils aient au moins l’espoir que leurs descendants ne vivront pas dans un monde de sang, un monde de violence, d’incompréhension et de domination.

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