D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante | Ariane Mnouchkine

[…]  D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.

Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

Une fois réussie cette difficile évasion, […]

Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entrainera et entraine déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments. Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.

Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.

Ariane Mnouchkine, metteuse en scène de théâtre.

Extrait de facebook | Mur de Souâd Kedri

Nourrir son âme | Julien Bouchard-Madrelle

Quand l’âme est affamée, il faut la contenter,

Lui trouver, ici-bas, un peu de nourriture,

De quoi la satisfaire et de quoi l’enchanter,

De quoi charmer un peu son ardente nature !

Car quoiqu’on puisse en dire, elle semble venir

D’un royaume inconnu plus lointain que la Chine,

Pays dont elle n’a pas gardé souvenir,

Pays d’Eternité et d’essence divine !

Viendrait-elle du Ciel plein d’astres scintillants,

D’où ces regards émus qu’on adresse aux étoiles,

D’où ces noms que l’on donne au sein du firmament

Viendrait-elle des monts, des flots mystérieux,

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