À PROPOS D’ALBERT CAMUS | Yacine Bouzaher

Dans un échange avec une amie, j’ai émis un avis concernant l’œuvre de Camus, que je reproduis ci-dessous:
-“J’ai une lecture de l’œuvre et une interprétation de Camus, que je n’ai jamais vue par ailleurs, ou alors ça m’a échappé. Pour moi, Camus, c’est celui qui a ma connaissance, à le mieux donné à voir, à ressentir, la solitude profonde de l’être. Nous sommes cadenassés dans notre être ontologique, seuls face à nous-mêmes, cerné par le monde qui nous entoure. Et nous aurons beau faire, nous ne sortirons jamais de nous-mêmes pour fusionner avec le monde.

Paradoxalement, la prise de conscience d’exister, nous condamne à cet enfermement en soi. Et le fameux, je pense donc je suis, se transforme en je pense donc je suis seul en moi.

Il y a deux moments dans la vie, ou cette réalité de la condition humaine ( l’humain en tant qu’être pensant) font exception. Mais de manière fugace et peut-être illusoire. C’est, quand, bébé, on n’a pas vraiment ( encore que) conscience d’exister, la fusion avec la mère, Camus a un peu évoqué cela. Et quelquefois, dans la fusion de l’amour ( qui ne dure qu’un instant comme dit la chanson), surtout au moment ( c’est hélas pas toujours le cas) de l’orgasme sexuel, une infra seconde, le temps s’arrête et nous sortons de nous-mêmes, pour une extase partagée. À cet infinitésimal instant nous ne sommes pas seuls, sinon … 

Cette solitude pour fondement, je l’ai particulièrement ressenti à la lecture de “L’étranger”. Mais, on retrouve cette épaisseur, qui avec le temps se transforme en pavois, dans toute son œuvre, Sisyphe ( le mythe de Sisyphe), “Caligula”. Dans la pièce ” Le malentendu”, il aborde explicitement ce thème avec l’amour ( celui de la mère ou celui d’une femme) comme possibilité d’y échapper, mais encore une fois ce sera raté. Il ne restera que la solitude. Dans “La peste” ( œuvre à plusieurs tiroirs) nous retrouvons également cette dimension.”

Yacine Bouzaher 

Retirado do Facebook | Mural de Yacine Bouzaher

ANNIVERSAIRE | Le 8 août 1945 | Albert Camus

ANNIVERSAIRE | Le 8 août 1945, Albert Camus est le seul intellectuel occidental à dénoncer l’usage de la bombe atomique deux jours après les attaques sur Hiroshima dans un éditorial de Combat resté célèbre. En voici le texte intégral.

Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.

En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. Que dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice et au simple bonheur des hommes, la science se consacre au meurtre organisé, personne sans doute, à moins d’idéalisme impénitent, ne songera à s’en étonner.

O Estrangeiro, de Albert Camus

O Esrangeiro ACPublicado originalmente em 1942, O Estrangeiro foi o primeiro romance de Albert Camus e, a 23 de julho, chega às livrarias portuguesas numa nova edição da Livros do Brasil, revista de acordo com o texto fixado pelo autor, e com prefácio de António Mega Ferreira.  Sendo indubitavelmente uma das obras-primas da literatura francesa do século xx, foi traduzida em mais de quarenta línguas e adaptada para o cinema por Luchino Visconti em 1967. Nesta história, o protagonista Meursault recebe, um dia, um telegrama informando-o de que a mãe morreu. De regresso a casa após o funeral, enceta amizade com um vizinho de práticas duvidosas, reencontra uma antiga colega de trabalho com quem se envolve, vai à praia – até que ocorre um homicídio. Romance estranho, desconcertante sob uma aparente singeleza estilística, em O Estrangeiro joga-se o destino de um homem perante o absurdo e questiona-se o sentido da existência.

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Citando Albert Camus

Le rôle de l’écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se mettre aujourd’hui au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent. Ou, sinon, le voici seul et privé de son art. Toutes les armées de la tyrannie avec leurs millions d’hommes ne l’enlèveront pas à la solitude, même et surtout s’il consent à prendre leur pas. Mais le silence d’un prisonnier inconnu, abandonné aux humiliations à l’autre bout du monde, suffit à retirer l’écrivain de l’exil, chaque fois, du moins, qu’il parvient, au mi-lieu des privilèges de la liberté, à ne pas oublier ce silence et à le faire retentir par les moyens de l’art.
[Discours de Suède]

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Citando Albert Camus

Nous sommes le résultat de vingt siècles d’imagerie chrétienne. Depuis deux mille ans, l’homme s’est vu présenter une image humiliée de lui-même. Le résultat est là. Qui peut dire en tout cas ce que nous serions si ces vingt siècles avaient vu persévérer l’idéal antique avec sa belle figure humaine ?

Albert Camus, Carnets

Lettre d’Albert Camus à René Char | “On parle de la douleur de vivre. Mais ce n’est pas vrai, c’est la douleur de ne pas vivre qu’il faut dire.”

Albert Camus, né il y a exactement 100 ans, restera comme une figure singulière dans la culture et l’histoire : immense écrivain, penseur à la fois engagé et en rupture avec son époque et, fait rare, homme d’exception, à la hauteur d’une oeuvre lumineuse et nécessaire. Son chemin aura croisé l’aventure d’un autre homme d’exception, René Char, poète sibyllin et résistant. Après la publication de L’homme révolté, attaqué de toutes parts, c’est dans cette amitié que Camus se réfugie, comme en témoigne cette lettre magnifique.

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1º de Maio, Festa do Trabalho

1er mai, Fête du Travail

Les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu’il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir.

Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe

En image – Sisyphe roulant éternellement son rocher, Abel de Pujol, 1819

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