L’ONU perd Guernica, la tapisserie anti-guerre de Picasso, récupérée par la famille Rockefeller | 03.03.2021

La tapisserie représentant le chef-d’œuvre de Picasso a été réclamée par Nelson Rockefeller Junior. Elle ornait l’entrée du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies à New York depuis 37 ans.

Installée à l’entrée de la salle où se réunit le Conseil de Sécurité de l’ONU, la tapisserie, représentant Guernica (1937) de Picasso (1881-1973), avait pour but de rappeler les horreurs de la guerre aux dirigeants du monde. Réalisée en 1955 par l’atelier français Jacqueline de La Baume-Dürrbach, pour le compte de l’industriel Nelson Rockefeller, elle a été réclamée par son fils, qui n’a pas communiqué ses raisons. Prêtée à l’ONU à partir de 1984, l’œuvre avait été commandée par Rockefeller après que Picasso, qui refusait de lui vendre l’original, lui a suggéré cette alternative. Il s’agit du premier des trois exemplaires tissés du tableau autorisés par l’artiste. Le départ de la tapisserie a suscité un grand émoi chez les responsables internationaux, qui n’envisagent pas de réclamer la tapisserie à Nelson Rockefeller Junior.

Guernica, symbole de paix

Peinte en 1937 à la suite des bombardements par les nazis et les fascistes italiens de la ville de Guernica en Espagne, la peinture monumentale de Picasso est un symbole antimilitariste et pacifiste, d’où son positionnement à l’entrée du Conseil de Sécurité. Cette œuvre emblématique a été au cœur d’une polémique en 2003 lorsqu’elle avait été recouverte d’un drap bleu avant une allocution de Colin Powell, alors Secrétaire d’État des États-Unis, durant laquelle il appelait à une intervention armée massive en Irak. Prétextant qu’un fond uni était alors plus adapté pour une retransmission télévisée, l’organisation internationale répondait en cela au souhait du gouvernement américain de ne pas voir son appel à la guerre (fondé, rappelons-le, sur de fausses preuves de détention d’armes de destruction massive) au massacre de Guernica. Comme le soulignait alors la célèbre journaliste Maureen Dowd dans « The New York Times » : « Monsieur Powell aurait bien du mal à convaincre le monde de bombarder l’Irak sur fond de femmes, d’hommes, d’enfants, de taureaux et de chevaux hurlants et mutilés ».

Un grand vide

La gigantesque tapisserie laisse désormais un vide au siège de l’ONU. Pour Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres : « Ce n’était pas seulement un rappel émouvant des horreurs de la guerre mais, en raison de sa position, elle a également été le témoin d’une grande partie de l’histoire qui s’est déroulée aux abords du Conseil de sécurité depuis 1985 ». Désormais, les pays membres de l’ONU risquent de se livrer à un autre type de conflit : celui qui permettra de déterminer quelle œuvre viendra remplacer la tapisserie. Des tensions autour de la valorisation des artistes nationaux au sein du siège de l’ONU étaient déjà apparues en 2018 entre le Mexique et l’Afrique du Sud, qui souhaitaient placer leurs œuvres au même endroit. Il ne fait donc aucun doute qu’une position aussi symbolique que l’entrée du Conseil de Sécurité va générer des convoitises et voir s’affronter différents points de vue sur le message que portera l’œuvre amenée à remplacer prochainement la tapisserie ​Guernica.

Picasso, l’engagement politique : analyse d’oeuvre : Guernica

Antoine Bourdon

https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/cubisme/lonu-perd-guernica-la-tapisserie-anti-guerre-de-picasso-recuperee-par-la-famille-rockefeller-11153704/?fbclid=IwAR2oNhe13bBpACMjnt9fM0GUJQY2JDT6yPDTh_RmH3YNPvMfiXM2CqrdyFE

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